Si sauter d’un pont me donnait trente secondes de plus auprès de Leevi alors j’étais déjà en train de plonger. C’était complètement idiot parce que je pensais m’en être détaché mais depuis l’arrivée de Louis puis, lui, ici, tout avait volé en éclat. J’étais comme un parachutiste sans son équipement, en plein vol et sans rien pour me sauver la vie. J’avais décidé de sauter tout seul, sans qu’on m’y aide, dès que j’avais vu les beaux yeux du brun. J’aurais pu vendre mon âme à une simple demande de sa part. Il avait encore ce pouvoir sur moi, un pouvoir sans limite. J’hochais la tête, l’écoutant à peine sur ses explications de Shakira ou je ne sais quoi. J’étais bien trop obnubilé par ses lèvres qui bougeaient et qui me manquaient énormément et ses micro expressions qui me tordaient les boyaux. Je lui demandais s’il était là alors, espérant étirer le temps et que cette soirée ne se finisse jamais. Que jamais plus je ne me retrouve sans lui, seul, à regarder cette lettre en pleurant. J’hochais vivement la tête, faisant de nouveau un pas vers lui. Bien sûr que j’allais venir si c’était pour passer ne serait-ce qu’une seconde de plus avec lui. Au fond, je devais l’admettre il m’avait manqué plus que de raison. Leevi avait emporté avec lui une grande part de moi.
Oui, je veux venir. Montre moi ton univers. Heu… Je me repris immédiatement, je veux dire… les chakras tout ça. J’entrouvrais les lèvres avant de redresser malgré moi le torse. Non… je veux pas t’embêter plus que ça… si tu es… occupé. Je me raclais la gorge baissant brièvement les yeux vers la carte de ce fameux Monsieur Ozmosis Donovan. J’aimerais bien, oui. J’avais envie de le prendre dans mes bras, lui crier que j’avais envie de passer du temps avec lui, de le serrer si fort qu’il me supplierait de le lâcher. J’avais envie de lui effleurer la main comme nous faisions avant. J’avais envie de voir ses yeux s’illuminer quand on prévoyait un pique nique… Mais tout ça c’était probablement fini à jamais. Je soufflais sans oser lever les yeux : Merci, Leevi. Merci d’être toi. Je relevais la tête après un petit temps. J’étirais mon sourire de façade et je levais la main en l’air. Rentre bien et à demain. Je tournais les talons, le ventre dans tous ses états. Je ne devais pas me retourner. Non je ne devais pas et pourtant à quelques mètres, je me tournais pour le regarder. Lui, le seul homme de ma vie.
Mer 3 Juil - 11:23
